Comte Nobru, Tombeur de l'Espace

Après une nuit très active au milieu de petites poulettes terriennes, le Comte Nobru, que ses amis gallicéens surnomment "Le Tombeur de l'Espace", s'aperçoit qu'il a perdu son klicklic qui autorise la téléportation dans son vaisseau. C'est ballot, d'autant que la météo de la planète que ses habitants appellent "La Terrre" - nom bizarre pour une planète pleine d'eau - n'est pas contrôlée.

Perché au petit matin dans un arbre d'un jardin verdoyant, le Comte Nobru, sous la pluie, se résoud à faire appel à Maman Poule, la Grande Matriarche Gallina, qui dirige le groupe des Poules Matriarches à bord du vaisseau pirate du Capitaine Poulidor.

La bonne nouvelle est que Maman Poule est facile à contacter car, pour une raison peu claire, le vaisseau du Capitaine Poulidor est non seulement dans la galaxie mais dans la proximité immédiate de la planète Terre.

La mauvaise nouvelle est que Maman Poule n'a pas le double de son Klicklic et que l' appel du Comte Nobru semble tomber dans un moment de grande tension. D'après les explications confuses de Maman Poule à propos des conditions de vie des Gallinacés sur Terre, il serait question de lancer le processus de stérilisation de la planète pour éradiquer tous les êtres monstrueux ou dégénérés qui la peuplent.

Du point de vue du Comte, c'est stupide. D'après son expérience, les petites poulettes qu'il fréquente assidûment sont en général satisfaites de leur sort, elles n'ont pas inventé l'eau chaude, mais c'est pas forcément utile ...et, il est lui-même sur cette planète.

ils ne vont quand même pas me tuer, les c...., vitupère-t-il.

"Il faut au moins qu'ils me récupèrent avant de stériliser la planète et avant que je sois complétement détrempé. En plus, j'ai sacrément la dalle après la nuit de folie que je viens de passer."

Bon, en attendant que Maman Poule trouve une solution, le Comte décide de retourner voir sa poulette préférée, une petite poule dorée et bleue avec des toupets d'oreilles, fine, vive, absolument adorable. Elle n'a pas de queue mais un délicieux petit cul tout rond.

Elle dit être une "araucana" et s'appeler Chouppi.Elle vit dans un endroit charmant avec une autre poulette -  une rouquine avec les plumes bouffantes - et en compagnie d'un grand c.... de coquelet qui a peur de son ombre.

D'après ce que Chouppi lui a dit, un des êtres au service des poules - un " humain"- fait de bons petiits plats bien présentés.

C'est finalement l'occasion de mieux connaitre sa Choupinette et, peut-être, pourra-t-elle aussi l'aider à retrouver son klicklic.

Aussitôt pensé, aussitôt fait, le Comte se téléporte dans le dortoir de Chouppi.Le dortoir est vide, le poulailler est déjà ouvert et les poulettes sont sorties dans leur enclos. Le Comte sort prudemment la tête hors du dortoir. Chouppi est justement en train de gratter avec énergie dans un plat pour trier les meilleurs éléments de la préparation servie qui semble effectivement appétissante.

 Pas d'humain en vue. Le Comte décide de sortir  pour rejoindre sa Choupinette dans son petit enclos, heureusement bien séparé d'un autre dans lequel un grand coq  noir et blanc est occupé à poursuivre des poules pour les "cocher", accouplement vite fait sur le gaz qui sert de relation sexuelle aux coqs de cette planète. 

Dès que Chouppi l'aperçoit,  elle se précipite vers lui avec des cris d'excitation exprimant une joie manifeste de le revoir. Le grand c... de coquelet a l'air beaucoup moins réjoui. Il s' éloigne en battant des ailes de réprobation. 

Le Comte a tout juste le temps de goûter les aliments variés du plat avant qu'une humaine ne s' approche. Il se dissimule vivement derrière le poulailler.  

Et, m....., l'humaine ouvre la porte de communication entre les enclos pour que les jeunes puissent aller dans le grand enclos avec les adultes. Cela permet, hélas aussi aux adultes de se précipiter dans le petit enclos. On se demande bien pourquoi ils trouvent si important d'investir ce petit espace!

Ce ne serait pas grave si le grand coq, en poursuivant une belle poule noire autour du poulailler, ne se retrouvait pas quasiment bec à bec avec le Comte.

Fichtre, ce grand coq est un balèze. C'est bien sa chance! Il fallait qu'il tombe sur une des plus grandes races de la terre! En plus, il est chaud et n'a pas passé une nuit quasiment blanche, lui. Heureusement, l'effet de surprise joue en faveur du Comte qui s' esquive promptement et se téléporte en catastrophe dans le dortoir.

Les pauvres gallinacés de la Terre sont très limités.  Ils ne sont dotés ni de télépathie,  ni de téléportation. Le grand coq n'a rien dû comprendre au film. Prudent, le Comte se réfugie néanmoins dans un pondoir : pas glorieux, mais il ne peut se permettre de créer trop d'agitation et d'attirer l'attention de l'humaine.

Au bout d'un moment, Chouppi le rejoint. Ouf, elle est seule. Elle est toujours aussi craquante avec son petit air inquiet, mais ce n'est pas une situation vraiment propice à un gros calin. Dommage, mais le Comte a d'autres préoccupations. Il suit la conversation de sa mère avec le Capitaine Poulidor pour organiser son départ de la Terre. Aux dernières nouvelles, la Poule Matriarche a convaincu le Capitaine de se téléporter elle-même près du Comte pour le ramener à bord du vaisseau pirate. Si Maman poule débarque, ce n'est pas le moment de faire le joli coeur. 

En revanche, il faut qu'il guette le départ de l'humaine. Non qu'elle puisse impressionner une Poule Matriarche, mais le Comte aimerait éviter les complications. Il demande à Chouppi de sortir regarder ce qu'il en est. C'est bon, l'humaine est repartie et le grand coq s' est éloigné pour se goinfrer.

Et voilà Maman Poule! Ouh la la, elle est revêtue de son plumage le plus chatoyant! Son interprétation de la dernière mode des gallinacés de l'espace est, comme d'habitude, euh..., très colorée. Dès sa matérialisation, sa présence terrifie les poules terriennes et le coq n'est pas le dernier à s' enfuir en criant. Il faut dire que l'apparition d'une Poule Matriarche a de quoi impressionner et impressionne, même les gallinacés originaires de Gallica. Déjà plutôt grande de nature,  sa stature est allongée par la grande huppe de plumes multicolores qu'elle porte sur la tête et elle arbore fièrement un panache de plumes imposant que lui envieraient bien des coqs de la Terre.

Le Comte est fier de sa petite Chouppi qui est demeurée calme, se contentant de se percher bien haut pour pouvoir observer l'évolution de la situation. Il s' avance hors du dortoir et sort du poulailler.

Maman Poule s' avance, son klicklic accroché à portée immédiate de bec sur sa sacoche. Manifestement, elle ne compte pas s' attarder pour écouter les explications de son fils prodigue. Ce n'est sûrement pas judicieux de lui présenter Chouppi. Elle a même l'air particulièrement nerveuse et Nobru lit dans ses pensées que la stérilisation de la Terre est toujours d'actualité. Un débat passionné est en cours entre les Matriarches et avec le Capitaine Poulidor et Gallina, en tant que Chef des Matriarches veut retourner rapidement sur le vaisseau pour pouvoir l'arbitrer.

Le Comte ne comprend pas les raisons d'un tel déferlement de passions ni comment une décision de stérilisation de toute la planète peut être envisagée juste parce qu'y habitent de grands monstres stupides. Il aurait bien aimé dire au revoir à sa Choupinette, mais il se laisse embarquer sans cérémonie, se promettant de tirer l'affaire au clair une fois sur le vaisseau pirate.

A son arrivée,  le Comte Nobru, qui avait peur d'être accueilli fraîchement ou de devoir fournir des explications sur son escapade sur la planète Terre, est laissé en plan par Maman Poule, trop pressée de retrouver son rôle de Chef Matriarche. De fait, il était temps que Gallina revienne car les échanges entre Poules Matriarches sont devenus violents et le Capitaine Poulidor, tout Grand Coq pirate qu'il soit, est sur le point d'être débordé.  

Les arguments de celles qui sont partisans de la stérilisation sans délai de la planète commencent sérieusement à agacer le Comte. Leurs positions péremptoires alors qu'elles n'ont pas posé le moindre bout de patte sur la Terre sont ridicules.

D'un naturel impatient et facilement soupe au lait, le Comte Nobru ne peut se retenir d'intervenir avec emportement alors même que son statut de Jeune Coq devrait le conduire à rester sur la réserve. 

Il exprime sans retenue ses sentiments pour les petites poulettes de la Terre, si simples, mais si gentilles. S' il fallait tuer toutes les poules débiles,  il n'y aurait pas que la Terre à stériliser. La télépathie est plutôt regrettable si c'est pour recevoir des pensées aussi primaires que cellles qui l'assaillent sur ce vaisseau. Quant aux vilains monstres soi-disant dominants qui se nomment les "humains", ils sont vraiment plus bêtes que méchants et tellement limités et désorganisés qu'ils n'ont aucune chance de quiiter leur système solaire. D'ailleurs, les essais qu'ils ont fait pour voyager dans leur espace proche sont tout bonnement pitoyables. De toute façon,  leur priorité est plutôt de créer des choses parfaitement inutiles ou nuisibles à leur environnement et à leur santé. 

Mais enfin, s' indignent des Matriarches outragées, les gallinacés de la Terre sont dans une situation d'exploitation et de maltraitance indigne d'un gallinacé! On ne peut pas accepter une planète où notre espèce est réduite à une pareille condition et traitée comme des insectes!

Pour éviter que l'échange ne dégénère,  le Capitaine Poulidor et la Matriarche Gallina, usent de toute leur autorité conjointe. Ils décident de différer la stérilisation de la planète. Un léger décalage temporel garantira que les monstres n'en sortent pas.

Ben, voilà,  ne peut s' empêcher de penser le Comte, il n'y avait pas de quoi en faire un nid d'insectes.

En retour, des interrogations gênantes lui parviennent : au fait, Jeune Coq, quelles c... faisais-tu encore sur cette planète?