Gallica, planète des poules, planète des origines

Souvenirs, souvenirs

Sur le point de lancer la stérilisation d'une planète infestée de monstres particulièrement répugnants qui se dénomment eux-même des "humains", Poulidor, le Grand Coq Capitaine du plus fameux des vaisseaux pirates, se laisse envahir par les souvenirs de sa planète natale, planète originelle des gallinacés.

Ah, Gallica, ses grands arbres familiaux qui fournissaient gîte et couvert, sa météorologie régulée, les parties de chasse, la richesse de ses créations artistiques.

Quand on pense que les pauvres gallinacés terriens sont enfermés dans des enclos sordides voire des hangars ou des cages en batterie!

Ils sont certes nourris par les monstres "humains", mais faut voir avec quoi! Des graines pleines de produits chimiques, des saloperies artificielles. On ne parle même pas de ceux qui en sont réduits à gratter la terre...

Les goûts délicieux des insectes de Gallica remontent au bec de Poulidor avec toutes les gammes de saveurs des sucs excrétés par les arbres familiaux dans les pièges à insectes.

Hum, et les insectes sauvages chassés avec les copains., Un délice,  surtout qu'en chasse, les coqs peuvent les gober sans se soucier d'appeler leurs poules.

Et la douceur du climat, évidemment depuis longtemps parfaitement maîtrisé. Quel plaisir d'écouter tomber l'eau, bien abrité dans l'arbre familial, durant les périodes de rafraîchissement et d'humidification programmées et annoncées. 

Quel fou se laisserait ébouriffer les plumes et détremper par une météorologie aléatoire?

La symbiose avec les arbres de la forêt monde est parfaite. Les arbres, demeures ancestrales des lignées familiales qui s' étagent de niveaux en niveaux, constituent et développent,  depuis l'origine des temps, un habitat confortable et adapté. Non seulement, ils fournissent à demeure une nourriture riche en protéines,  mais ils ont développé des services  de messagerie performants. Communiquant à haut débit par leurs racines, ils délivrent entre les arbres familiaux les messages pour ceux qui n'ont pas pu être joints par télépathie. 

En contrepartie, il va de soi que les arbres sont totalement respectés et nourris des déjections de ses habitants.

Sur la Terre, l'état des choses est invraisemblable. Les arbres sont abattus et  leur bois fait l'objet d'une exploitation éhontée. Les précieuses déjections des gallinacés sont confisqués par les monstres humains qui en font un fumier. Quand ils l'utilise, mélangé à du compost, en engrais pour leurs plantations, c'est encore logique. Mais certains les jettent!

La civilisation gallicéene

A l'évocation de l'état de développement pitoyablement distordu des formes de vie sur cette planète perdue que les "humains" appellent la "Terre", Poulidor ressent une grande bouffée de fierté pour la civilisation galicéenne.

Les créations artistiques et techniques projetées par les Poules Couveuses durant l'état de transe de leur couvaison sont tout simplement renversantes. 

Et il suffit aux Grands Coqs de focaliser leurs esprits sur une des créations virtuelles pour la faire apparaître dans toute sa richesse et avec toutes ses fonctionnalités éventuelles. Ils ont évidemment la responsabilité de ne pas faire apparaître n'importe quoi n'importe quand. Ce rappel-la génère une certaine gêne dans l'esprit de Poulidor. Mais bon, c'est du passé et c'est une autre histoire.

Et la richesse et diversité des parures! A chaque saison de couvaison apparaissent des possibilités de plumages et sous-plumages différents. Bien sûr,  la mue est un processus totalement contrôlé.  Quelle satisfaction de pouvoir choisir la couleur de son camail, la longueur de ses rémiges,  son style de coiffe, le bouffant et la longueur de ses plumes de pattes!

Poulidor mesure sa chance d'être un Galliforme originaire de Gallica. Sur la planète " Terre", les pauvres galliformes subissent leur mue et se retrouvent, de période en période, avec le même type de plumage dans la même tonalité. 

Il repense à Zoé,  la poule terrienne transférée sur le vaisseau pour témoigner de la condition des poules sur cette planète  déshéritée. Elle sera, enfin serait, condamnée à passer sa vie avec le même plumage. Certes, elle mue, mais elle sera toujours noire. Quelle pitié,  même si elle a la chance d'avoir des plumes douces, un sous-plumage abondant et des reflets verts très tendance. Et il paraît que pendant sa mue, elle sera obligée de sortir dehors, à la merci des intempéries du climat non regulé, à moitié nue, des plaques entières de sa peau apparentes. Et on l'empêche de couver!  

 

 

Comment peut-on empêcher une poule de couver!

Comment peut-on empêcher une poule de couver! Quel crime irréparable contre le Gallinat et le processus de vie et de création!

L'état de dégénérescence des pauvres poules de la Terre est tel que leurs créations en état de transe sont pauvres et faiblardes. Et elles ne sont même pas perçues par leur Grand Coq. 

Encore Zoé a-t-elle au moins un Grand Coq auquel elle semble attachée et qui semble protéger ses poules dans la mesure de ses tristes conditions d'existence et de ses ridiculeusement  faibles moyens. Elle décrit en tous cas une certaine harmonie au sein de son groupe. 

Mais de nombreuses poules terriennes n'ont pas de Grand Coq.

Ne parlons même pas des captives en cages ou hangars élevées pour leurs oeufs par les monstres "humains". De nombreuses poules en "basse-cour"- vous vous rendez compte du caractère méprisant et péjoratif de cette dénomination !- vivent entre elles, sans coq pour réguler leurs relations sociales.

Comment les poules peuvent-elles vivre sans coq? Évidemment qu'elles ne peuvent que régresser et perdre toute capacité de création, occupées par par des caquetages et chamailleries stupides et stériles. 

D'après certains témoignages,  des poules prendraient même leur "maître" humain de référence pour leur Grand Coq. Bon, c'est vrai qu'ils font apparaitre et fournissent des choses, mais faut voir leurs réalisations : des abris artificiels hideux, des dortoirs collectifs mal aérés, de l'eau stagnante  très vite sale dans des récipients manifestement conçus pour être difficilement nettoyables....

Ces pitoyables créations ne compensent en rien la dramatique absence d'arbres familiaux et l'incapacité de la plupart des galliformes terriens à se transférer sur les tristes végétaux qu'ils pensent être des arbres.

 

Des arbres stériles et souvent inaccesibles

Non seulement les arbres de la Terre sont rachitiques, mais ils ne se sont pas développés pour être des arbres familaux vivant en symbiose avec les galliformes.

Ils n'ont pas de pièges à insectes juteux et leurs feuillages abritent mal les Oiseaux qui ne sont vraiment pas les rois de la création sur cette planète ravagée par une catastrophe qui a bloqué le développement normal des formes de vie supérieures. 

De surcroît,  les pauvres galliformes ne peuvent souvent pas se transférer dans les arbres. N'ayant développé aucun pouvoir de téléportation, ils en sont réduits à voler, comme ils le peuvent et quand ils le peuvent.

Parce que pour cela aussi, les monstres humains, décidément irrémédiablement malfaisants, ont sévis.

Intervenant de manière absolument scandaleuse dans la reproduction des poules, ils ont sélectionné des caractéristiques,  ils acceptent cela des "races", complètement aberrantes : poules nanifiées,  poules qui ne savent plus couver et surtout, poules et coqs lourdeaux, incapables de voler.

Quand les poules ont conservé une certaine capacité à voler pour se percher dans les arbres et y dormir, comme il se doit, les humains les mutilent en leur coupant les plumes d'une aile. 

Mais dans la rubrique mutilation, les humains semblent tragiquement créatifs. 

 

Nostalgie, home blues et retournement de situation

Poulidor s' est laissé gagner par la nostalgie de sa planète natale. Il n'a pas pu empêcher les matriarches de suivre le cours de ses émotions et une vague de home blues déferle sur l'équipage du vaisseau. 

Mais le retour vers le passé n'est pas vraiment possible, même pour des créatures supérieures avec des millions d 'éons d'évolution comme les gallinacés issus de Gallica.

Il va néanmoins devoir envisager un retour vers la planète mère. La fuite éternelle devant ses responsabilités n'est pas possible pour un Grand Coq, fût-il Capitaine pirate.

A cette pensée,  l'humeur de Poulidor s'assombrit et des sentiments dérangeants de culpabilité l'assaillent.

En attendant, il faut s' occuper de la vie sur Terre sachant que pendant qu'il s'est laissé aller à ses souvenirs, les matriarches s' agitent sur le destin de Zoé qui est devenu la mascotte du vaisseau et qui s' y adapte étonnamment bien.

Soudain, des éléments nouveaux apportés par Gallina, la sénior des Matriarches, remettent tout en question.

Zoé vient d'avouer qu'elle voulait couver pour la 4ème fois en une année terrienne : c'est invraisemblablement indécent et elle s'est pris de sérieux coups de bec sur la tête comme une petite poulette écervelée. Cela apporte néanmoins un éclairage nouveau sur la position de la "maîtresse" qui était bien dans son rôle de matriarche.

Et Galina avoue avec confusion qu'elle vient de recevoir un message de son fils, le Comte Nobru, plus connu comme Le Tombeur de l'espace; Il est bloqué sur terre après avoir égaré le klicklic permettant le retour à son vaisseau.

Il faudra éclaircir ce qu'il faisait sur terre et les condiitions de perte de son klicklic. Mais bon, ce Petit C... de Coq est le fils de Galina; Il faut le sortir de cette planète infernale dont la stérilisation va devoir être attendre un peu.

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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