Jardiner avec les poules ?

Dans un grand jardin, les poules sont censées ne pas faire trop de dégâts et apporter de l'engrais grâce à leurs fientes. Cela n'est vrai que si le jardin est très grand et les poules peu nombreuses.

Dans un jardin citadin de taille moyenne, un petit troupeau de 10 à 15 poules cause plus que des dégâts.  Il peut rapidement ravager toutes les plantations à portée de bec et de pattes. Quant à leurs fientes, elles sont extrêmement acides et ne sont bénéfiques comme engrais que bien diluée dans du compost. A défaut,  il faut arroser intensivement le jardin pour les diluer dans la terre. 

L'excellent magazine "Poules et jardin", dont je conseille absolument la lecture, présente dans son dernier numéro de 2014 un article sur la manière de jardiner avec des poules. 

 http://www.journaux.fr/poules-et-jardin_jardins-exterieurs_maison-jardin_169538.html

L'auteur, Benjamin Rivière, défend la thèse de l'intérêt des poules pour l'entretien du jardin : "Grand nettoyage du jardin : faites travailler vos poules"

Justement, les miennes ont ratiboisé mes anciennes plantations (voir mon article "Ravages de poules"). 

Ravages de poules

Tout d'abord, certes, les poules boulottent toute la végétation, mais elles ne retournent pas nécessairement la terre. Elles le font dans les bordures où la terre est sèche et meuble et où c'est sympa de gratter et creuser. Pour autant, elles laissent quand même des trous et des bosses. Quant aux massifs où la terre est humide et lourde, leurs piétinements aggravent le tassement. Dans les deux cas, il faut commencer par retourner la terre !

Bêcher avec des poules dans les pattes, je déconseille. Certaines sont tellement excitées qu'elles sont quasiment sous la bêche ! Un truc si vous les laissez vaquer pendant que vous jardinez : gavez-les bien au préalable de bonnes choses comportant des protéines animales. Elles seront beaucoup moins intéressées par les vers.

Pour bien préparer la terre et l'enrichir, les fientes de poule sont évidemment très intéressantes, à condition de les doser. L'idéal est d'avoir préalablement pu intégrer du fumier décomposé avec du compost. Là,  non seulement les fientes sont diluées et ne risquent pas de brûler les racines des nouvelles plantes,  mais le mélange ainsi apporté est particulièrement vivant car les petits animalcules ont eu le temps de se développer. 

D'ailleurs, si les poules adorent explorer et retourner les fumiers, ce n'est pas qu'elles sont à la recherche de "cochonneries", comme certaines personnes le croient, mais parce qu'elles ont une vue dix fois plus puissante que la nôtre et qu'elles repèrent très bien ces animalcules dont elles se régalent. 

Pour mettre en place les nouveaux plants, l'aide des poules n'est pas vraiment utile. Elles n'ont pas un avis esthétique très pertinent sur la disposition des différentes espèces et ont surtout envie d'aller goûter les nouvelles friandises sur pied que vous leur apportez.

Et puis, une terre bien meuble, quel délice à gratter et surtout à creuser, surtout pour celles, les petites huppées chez moi, qui adorent creuser autour des racines des jeunes plants !

Pas touche ! Mais comment protéger les jeunes plants ?

Dans son article, l'auteur suggère l'utilisation d'un paillis minéral que les poules ne retourneraient pas, ou bien d'entourer les jeunes plants de grillage.

Le paillis minéral est sans doute une bonne solution pour la plupart des poules, mais pas pour mes gratteuses invétérées. La Padoue et les petites Hollandaises à huppe ne se laissent pas arrêter par cela. Elles arrivent même à dégager les petits blocs de ciment que l'on a mise en calage des poteaux de leur enclos !

Non seulement les paillis ne découragent pas les poules de gratter et de creuser autour des plantes, mais ils ne peuvent être une solution contre le grignotage. Or, les poules avalent tout ce qui est tendre et vert à portée de bec et certaines vont expérimenter de nouvelles saveurs sur les arbustes.

Atos, le jeune coq Orpington,  adorait les jeunes pousses et feuilles de lilas et ne dédaignait pas les graines de roses trémières. 

Chouppi, la plus jeune des Araucanas goûte tout, même les baies de piracantha, les fibres du tronc de palmier et, bien évidemment,  les plantes aromatiques. Elle apprécie tout particulièrement le thym. Et, justement,  comme je viens de replanter des pieds de thym dans le nouveau massif, elle pourrait bien s' imaginer que c'est une délicate attention à son égard !

Quant aux protections par grillage, il a intérêt à être assez haut.

Ce n'est pas vraiment esthétique, mais nous n'avons trouvé que la solution d'entourer l'ensemble du massif nouvellement planté d'un grillage de 1,75 m de hauteur.

Lors de leur sortie, quand elles se sont précipitées vers leur massif favori, leur perplexité a été amusante. certains sont restés plus d'une heure devant le grillage en espérant que je leur ouvre !

Malheureusement pour eux, leur grand romarin est en bordure d'une autre plate-bande à refaire totalement et, avec la venue des beaux jours, l'accès à la terrasse et aux bassins va leur être également interdit.

Ils profitent une dernière fois de leur romarin et des abords du bassin.

Les poules adorent aider au jardin, surtout si on retourne la terre ou si on creuse mais leur aide est assez incompatible avec la réfection de plantations. Et pour protéger les nouvelles plantations des becs avides et des pattes griffues une clôture est la seule solution.  

Quand on a plusieurs poules surtout de grandes races très voraces ou des petites gratteuses impénitentes, mieux vaut rapidement réfléchir à la manière de partitionner le jardin en zones. Nous avons choisi la solution de clôtures facilement amovibles et déplacables avec du grillage de 1m50.