Chien et poules : intégration progressive

Intégrer un chien avec des poules, ou du moins faire cohabiter paisiblement chien et poules, suppose de procéder progressivement avec patience et vigilance.

Il vaut évidemment mieux que le chien soit jeune et n'ait pas de forts instincts de chasseur. L'idéal serait plutôt qu'il se découvre des talents de gardien de troupeau.

Mais dans un troupeau, il y a toujours des individualités marquantes. Parmi mes poules, une Cochin se distingue pour son intérêt pour le chien qui, sans être vraiment préoccupant,  suppose une attention particulière. 

Fin mai 2014, cinq poussins Cochin perdrix maillé-doré sont nés, en compagnie d'un poussin Orpington, sous une poule Araucana. En sur-population à la rentrée de septembre, je me suis résolue à vendre le petit coq, qui avait un superbe gabarit et a dû devenir magnifique et deux des quatre poulettes.

Il reste donc deux jeunes poules qui se développent au sein de mon petit troupeau. D'apparence assez semblables, au point que je les ai longtemps appelées globalement, les Rouquinettes, elles sont en fait très différentes. L'une, Perette, est nettement plus légère que l'autre et est beaucoup plus vive et astucieuse. L'autre, Dindonnette, est très lourde et robuste, mais vraiment "brut de décoffrage".

Les deux poulettes sont globalement des terreurs, moyennement sympathiques avec les petites poules hupées. Peu farouches mais pas non plus familières, elles n'ont peur de personne et certainement pas des coqs. Elles aiment assez s'allier avec les jeunes Orpington pour jouer au chat avec la chatte Ikarou qu'elles encerclent puis coursent avec beaucoup de plaisir.

Un chiot Shar-peï, dénommé Ourqo, m'est confié par mon fils lorsqu'il travaille en équipe de 12 heures. Je prends soin de le sociabiliser avec les chattes mais également de l'habituer aux poules. Il a rapidement compris qu'il ne fallait pas les poursuivre. 

Ourqo a été intéressé un temps par les poules mais n'en a pas peur. Il circule sans vraiment s' occuper d'elles.

De leur côté, coqs et poules ont mis un temps avant de s'habituer à la présence du chiot  et ont préféré observer à distance et de haut. Les coqs n'étaient pas les plus rassurés.

Lors d'un des premiers contacts dans le jardin avec le chiot laissé sans laisse, les poules se sont éloignées.

Patty, le coq Cochin, aussi froussard que les poules Cochin sont intrépides, s'est rapidement planqué.

Les orpingtons ont prudemment évité le chiot pour aller rejoindre les poules dans leur endroit refuge, sous un grand romarin.

Dindonnette, elle, s'intéresse au chiot Ourqo. Non seulement elle n'en a pas la moindre peur, mais elle a très envie de jouer avec comme avec la chatte.

Bien que seule, les autres coqs et poules étant plus méfiants, elle suit le chiot et le provoque pour jouer à chat avec lui.

Ourqo, lui, vit sa vie sans se préoccuper de cette poule curieuse. Mais Dindonnette suit le chiot avec insitance, allant même jusqu'à lui piquer le derrière pendant qu'il s'accroupit pour faire son pissou puis continue à le marquer à la culotte jusqu'à le provoquer.

Au bout d'un moment, le chien, plutôt interloqué au début par le culot de la poule, finit par rentrer dans le jeu. S'en est suivi un début d'affrontement qui a manqué de dégénérer quand la poule a attaqué griffes en avant et ailes en bataille.

J'ai préféré séparer les combattants en attrapant le chiot qui en a été très mécontent. Il a grogné : "C'est pas juste, c'est elle qui a commencé !".

Pour avoir grogné en me montrant les dents il s'est fait sévèrement réprimander.

Une semaine plus tard, la cohabitation semble apaisée. Ils se cotoient, l'une picorant pendant que l'autre cherche des crottes de poule à déguster. je vois bien toutefois que Dindonnette, mine de rien, guette le chiot. Moi aussi, je surveille !

Et cela ne manque pas ! Après un temps d'observation, Dindonnette se remet à suivre puis à poursuivre Ourqo. celui-ci, se souvenant qu'il s'est fait attraper et sévèrement tancer la dernière fois qu'il a grogné quand j'ai séparé les combattants, se réfugie auprès de moi. "Tu vois bien que c'est elle qui m'attaque !", s'exclame-t-il.

Il faut être juste. J'ai fait des remontrances à Dindonnette.

Cette fois-ci, ils se contournent et s'évitent sagement. Il faut dire que je suis à un un mètre d'eux et qu'ils savent, l'un et l'autre, que je ne veux pas qu'ils se chamaillent.

Ourqo tourne la tête vers moi pour guetter mon approbation et Dindonnette vient me voir pour vérifier ma détermination à la surveiller.

Sous mon oeil vigilant, ils se tournent autour puis se croisent sans incident.