Une poule Araucana raconte

Je suis une poule de taille moyenne, mais petite par rapport à certaines poules de ma connaissance. Il faut dire que mes copines sont des Orpingtons qui sont plutôt volumineuses.

Moi,  je suis plus fine et plus légère. On me trouve craquante avec mes toupets d'oreilles asymétriques, mon absence de queue et mes petites pattes vertes.

Bon, par moment mes toupets sont un peu boueux, mais vous avez vu le temps humide qu'il a fait fin 2014 et qui s'est prolongé au début de cet hiver 2015, en tous cas là où je vis, dans un jardin de la banlieue parisienne ?

Puis, j'ai un grand jardin avec des tas d'endroits intéressants pour gratter et farfouiller. Je ne vais pas me laisser arrêter par de la coquetterie déplacée !

Je suis née un 1er avril. Ce n'est pas une blague. C'était le 1er avril de l'an 2014 dans un grand incubateur de l'éleveur Elsanor dans le Morbihan. J'ai grandi au milieu d'une foule de petits poussins dans un hangar où je pouvais me dégourdir les ailes. Mais un jour, j'ai été kidnappée et enfermée dans une espèce d'aquarium entassée avec d'autres poussins de quelques semaines.

On voyait régulièrement passer des visages d'humains devant la vitre et certains d'entre nous étaient sortis de l'aquarium. J'ai repéré l'ouverture et, dès que j'ai pu, je me suis envolée dehors, dans les bras d'une humaine.

J'ai eu de la chance, elle m'a emportée et je me suis retrouvée dans un grand parc très sympa en compagnie d'un poussin avec des plumes aux pattes qui piaulait tout le temps. Bon, c'était quand même agreable d'avoir de la compagnie dans ce grand espace, surtout pour dormir. Et puis, super attention, le mâle de la nouvelle maîtresse - on dit son "mari" chez les humains - nous a installé des perchoirs !

Heureusement,  assez rapidement,  la mère poule acariâtre est partie et nous avons été réunis avec nos petits copains. Ils étaient plus jeunes que nous mais hyper débrouillards.  Ils nous ont appris à apprécier la pâtée maison et les vers de farine séchés. 

Nous avons vite joué ensemble et avons constitué la bande des quatre : "un pour tous, tous pour un !"

Nous étions très bien : toujours de l'eau bien propre, une nourriture plus variée, un peu déconcertante parfois. La maîtresse était aux petits soins pour nous, nous faisait admirer par d'autres humains et nous a donné des noms :  Patty, pour mon copain à grandes pattes pleines de plumes et Chouppi pour moi.

Mais, au bout de quelques temps, nous avons été emportés dans un autre endroit, dans un parc près de poussins qui étaient avec leur mère poule. Pas très sympa avec nous, la mère poule, surtout avec Patty surlequel elle voulait foncer au travers du grillage de séparation. Pourtant, nous, nous voulions juste jouer avec les autres poussins !

Vraiment, nous étions bien, tous les quatre, surtout que nous avons été transférés dehors, dans un vrai petit poulailler, avec un grand parc plein d'herbe, puis dans un grand enclos avec de grands perchoirs. Cela me permettait de regarder le monde de haut. Et, nec plus ultra, quand nous avons a un peu grandi, nous avons eu le droit de sortir dans le jardin ! Nous gambadions partout, chassions des insectes dans les haies et des petits vers dans la terre.

J'étais toujours près de Patty et, bien sûr,  nous continuions de dormir ensemble, mais je m'entendais super bien avec les deux autres, Smoothie, une petite poulette fauve, et "Poulet rôti", son frère de couvée. "Poulet rôti" avait été appelé comme cela parce qu'il était un coquelet doré d'une couleur appétissante pour les humains, mais la maîtresse nous avait bien expliqué que c'était aussi une blague et qu'il n'était pas question de le manger. En tous cas, bien que plus jeune que nous, il était au moins aussi grand et gros que Patty et c'était notre leader incontesté. Il faut reconnaître que Patty était adorable mais vraiment timide et froussard. 

Mais à 3 mois, notre leader "Poulet rôti" a été emporté.  Je crois qu'il n'aurait pas dû se mettre à chanter le matin ! Fin de la bande des quatre et il a fallu que je devienne la Chef parce que ce n'est pas Patty qui en aurait été capable. Mais cela ne m'a pas dérangée.  Je n'ai peur de rien et aime bien que les autres me suivent.

Patty était toujours avec moi quand il n'était pas collé aux jambes de la maîtresse.  Il faut dire que nous avions été regroupés avec les grands. Mais tout se passait bien. Tant qu'on ne s'approchait pas trop d'eux et qu'on n'essayait pas de manger les premiers, les grands faisaient comme si nous n'existions pas.

Je suis devenue vraiment très proche de Patty qui grandissait à vue d'oeil pendant que je devenais une belle petite poulette. Nous avons formé un couple improbable à la "Laurel et Hardy". Je faisais même l'effort de me reposer au sol et de me percher bas en sa compagnie parce que grimper, se percher ou voler, ce n'est pas son fort, à mon grand empoté !

De temps en temps, quand même,  j'ai pris l'habitude de me percher pour papoter avec ma copine Smoothie. Toutes les deux, nous regardions les coqs de haut et commentions leurs efforts pour se rapprocher des poules.

Au bout d'un temps, une autre poule fauve plus âgée, Mimi jolie, nous a rejoint. Elle était contente d'avoir un peu de compagnie car elle avait perdu la petite Araucana avec qui elle avait grandi. Elle est plus réservée que Smoothie mais elle fait quand même une bonne camarade de perchoir.

Tous les week-ends, nous avons droit de sortir de notre enclos et de passer la journée dans le jardin. C'est extra ! Plein d'endroits à explorer : une terrasse, paraît-il interdite aux poules et gardée par un dragon, mais que j'ai séduit en faisant le guet , et un bassin entouré de plein d'herbes et arbustes sympas.

J'ai pris l'habitude d'aller découvrir les lieux la première et, petit à petit, les autres m'ont suivie, même les autres Araucanas plus âgées !

C'est toujours moi la préférée de Patty,  mais maintenant, il est devenu un vrai coq. Je dois le partager avec les copines. Pas grave, je ne suis pas jalouse et cela vaut mieux pour mon dos car un autre jeune coq ardent, Atos, s' intéresse à moi et, en plein hiver, je n'ai déjà plus de plumes sur le dos.

Mais la maîtresse nous sépare régulièrement et je suis en pleine forme. D'ailleurs, je pond tous les jours de beaux oeufs.