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Le journal de Liserette, poule Odal et poule de compagnie

Une histoire de poule Odal de compagnie

Liserette est une poule Orpington dorée à liserés (Odal) ou Orpington fauve à liserés noirs (Ofaln) selon la nouvelle appellation officielle. Cette poule Odal petite et boulotte élevée à la campagne est devenue une poule de compagnie chouchoutée et une bonne mère - poule dans ma petite basse - cour de banlieue parisienne.

Elle a souhaité raconter elle-même sa vie dans son journal d'une poule Odal de compagnie. 

01072015 tac poussin araucana de 2 semaines avec sa mere orpi

J'ai eu une enfance difficile

Mon nom actuel, enfin, celui que ma maîtresse humaine me donne, est Liserette. Je n'ai pas toujours eu un nom car je suis née, en novembre 2012, dans un grand élevage, au milieu de beaucoup d'autres jeunes de ma race, celle des Orpingtons. C'est une race de grandes poules, au corps massif et rectangulaire avec des plumes douces et bouffantes.

Moi, malheureusement, je suis plutôt petite et mon enfance a été assez difficile. Je sais, cela fait pathétique comme introduction, mais c'est quand même vrai.

La plupart des jeunes autour de moi faisaient partie d'une couvée et avaient la chance d'être élevés par leur mère poule. Ils formaient de joyeuses bandes, très solidaires entre eux.

Moi, je suis née en couveuse, d'un oeuf fécondé arrivé par la poste. C'était un essai de l'éleveur pour avoir des poules de ma couleur. Mon plumage est en effet doré à liserés noirs et c'était très à la mode. Mais les oeufs ne devaient pas être de bonne qualité ou avaient été abîmés dans le transport. Bref, je me suis retrouvée seule après l'éclosion, petite et pas très en forme, en plus ! J'ai eu de la chance de m'en sortir car l'éleveur était déçu et, de dépit, n'a pas poursuivi son idée d'avoir des Orpingtons de ma couleur.

Quand j'ai survécu à ma petite enfance, il m'a mis au milieu des autres jeunes. Évidemment, isolée, je me suis faite sacrément bizuter ! Je m'en suis prise des coups de bec !

Journal liserette pensive

A l'adolescence, cela s' est arrangé

Heureusement, avec l'arrivée de la puberté, les choses se sont arrangées. J'étais toujours un peu petite, mais plutôt robuste. Faut dire que j'avais beaucoup couru pour échapper au lynchage de mes petits camarades !

Maintenant, les jeunes coqs me poursuivaient, mais plus pour me piquer. Il me sautaient dessus, plus ou moins doucement, mais c'était quand même mieux qu'avant. Et puis, j'ai commencé à pondre. Je suis un peu remontée dans l'estime de l'éleveur. Un peu, seulement, car étant née en fin d'année,  je n'étais pas prête à couver.

Les meilleurs soins allaient aux couveuses, mais je n'étais pas jalouse. En fait, c'était pas si mal, j'avais les coqs pour moi et les poules dominantes scotchées dans leur nid ne pouvaient plus m'embêter. J'ai developpé des savoir-faire de courtisane et cela a bien marché. Un des coqs dominants m'a prise sous son aile et, tout bien considéré, cela a été une période plutôt heureuse de ma vie.

Mais c'était trop beau et cela n'a pas duré !

Victime de la surpopulation !

En 2013, l'éleveur s' est toqué pour une nouvelle couleur de plumage et s' est lancé dans les Orpingtons "citronnés". Parallèlement, il a développé un élevage de poules Cochins et a adopté des poules Soie pour son fils. Petit à petit, notre enclos a été fractionné, nous étions complètement entassés et on se marchaient sur les pattes. Pour ne rien arranger,  le meilleur poulailler a été consacré aux nouvelles favorites. Le nôtre était petit et plutôt crapougnac (cradingue, en langage poule).

L'automne 2013 a été humide et nous pataugions lamentablement dans la bouillasse (gadoue saturée de fientes) toute la journée. J'ai attrapé la crève, bien sûr pas soignée ! Et, pour finir, les poules Soie et les Cochins, avec leurs ridicules plumes aux pattes, nous ont refilé la gale.

Vous m'auriez vu à cette époque, avec mon regard triste, mes yeux larmoyants et mes pattes gonflées et toutes déformées ! 

Je n'étais certes pas la seule dans ce piteux état, mais cela ne me consolait pas. L'éleveur nous délaissait, moi, et d'autres poules de couleur dont il ne voulait plus. Une poule splash (blanc-gris avec des tâches noires), pourtant très grande, partageait ma triste condition. On déprimait ensemble.

Et un jour ma vie s'est trouvée bouleversée.

On s' est débarrassé de moi !

Un jour, en fin de matinée, l'éleveur est arrivé avec deux humains trimballant des cartons. J'avais déjà vu disparaître des copines lorsque des étrangers se présentaient comme ça.  Aussi, avec la grande splash, s'est-on planquées vite fait au fond du poulailler. Mais, c'était notre destin, on s' est fait attraper par les ailes et plus ou moins jeter dans les cartons. Je ne vous raconte pas l'angoisse d'être enfermée dans ces conditions !

Nous avons eu tout le voyage pour stresser. Faut dire que dans les poulaillers, les pires rumeurs courent sur le devenir de ceux qui sont enlevés. Certaines poules croient savoir que les humains nous mangent. Il paraît même qu'ils ont des recettes de cuisine de coqs au vin et poules au pot. C'est terrible, ces légendes gallicéennes !

En attendant, je crevais de chaud dans ce carton. Certes, il était un peu aéré, mais, avec mon gros rhume, j'avais bien du mal à respirer convenablement.

L'arrivée dans un endroit étrange

A la fin du voyage, nous nous sommes retrouvées, la grande splash et moi, dans un endroit vraiment étrange : une espèce d'enclos avec un sol de bois recouvert de paille et de branchages et clôturé par des ballots de paille et, par endroit, du grillage ! Contre une des parois de paille, il y avait une grande boite en bois surélevée.

Nous en sommes restées tétanisées. On s'est blotties dans un coin en essayant de se faire oublier. Mais tout autour de nous, les bruits étaient monstrueux ! J'ai su après que c'était des bruits de voiture, de train, d'avion, et autres tondeuses à gazon. On venait de la campagne, nous, et on se retrouvait dans une horrible cacophonie ! Les aboiements d'un chien étaient un peu anxiogènes,  mais, au moins,  on connaissait.

Au milieu de tout ce tintamarre, on a quand même entendu des cris de nos congénères et, même, un chant de coq. On s' est collées toutes les deux dans un coin du grillage où on pouvait apercevoir les poules et le coq qui chantait. Cela nous a rassuré un peu. Leurs cris n'étaient pas désespérés. C'était même des bruits de basse-cour paisible.

La grande splash et moi avions bien noté qu'une humaine venait disposer des plats avec des graines et des préparations inconnues, mais nous étions vraiment méfiantes. On ne mangeait qu'un peu, en vitesse, quand on étaient sûres que l'humaine était bien partie et ne pouvait plus nous voir.

Elle était étrange, nous parlant d'une voix douce, pas du tout comme notre éleveur ! En plus, elle avait de drôles d'idées : elle voulait notamment nous faire monter dans sa grande boite en bois pour dormir. Elle a tout essayé : nous mettre des friandises sur la rampe d'accès (on n'est pas si bêtes, quand même !), nous y porter. Finalement, elle a renoncé et nous a laissé dormir bien au fond sous la boîte, blotties ensemble dans la paille. 

Le comportement étonnant d'humains bizarres

Pour ajouter à notre désorientation,  le comportement des humains était vraiment étrange. C'est la femelle qui s' est occupée de nous et elle a entrepris de nous soigner.

Paralysées par notre situation, nous nous sommes laissées faire avec résignation. Finalement, les bains dans l'eau tiède n'étaient pas désagréables et les massages ont fait un bien fou à nos pattes ! 

Notre nouvelle maîtresse nous a faire boire des liquides bizarres, mais mon rhume s'est tassé et c'était agréable de pouvoir enfin respirer, même si l'air avait une odeur inconnue.

Il faut reconnaître que l'on était aux petits soins pour nous, l'humain mâle, notre nouveau patron, aidant la maîtresse pour bien sécher notre plumage à l'air chaud. Ca, j'aimais bien !

Ils nous parlaient doucement et m'appelaient Liserette. C'est pas vilain, j'aime bien ! La grande splash a hérité du nom de Splashie. C'est d'un commun !

Cela allait de mieux en mieux, d'autant que, maintenant, dans la journée, la maitresse nous portait dans un petit parcours sur l'herbe. Là, nous n'avons pas pu résister. Nous avons arrêté de faire la gueule et suspendu notre grève de la faim. Nous ne craignions plus du tout d'être mangées.

Nous nous sommes mises à picorer, surtout que l'herbe était pleine de graines. Et, finalement, nous avons fait confiance à la maîtresse et lui avons fait l'honneur de goûter sa préparation.  Pas mal ! Pas mal du tout, même !

Nous avons enfin été rapprochées des autres !

Pour autant, même si, par la force des choses, je me sentais solidaire de Splashie, sa compagnie était loin de me suffire. Il faut dire qu'elle n'a pas beaucoup de conversation et est assez distante avec les autres.

Heureusement, dès que nous avons été guéries, la maîtresse nous a installées dans un grand enclos voisin de celui des autres poules.  En fait, je me suis aperçue plus tard que c'était un grand enclos qui pouvait être divisé afin de créer un espace temporaire pour l'accueil des nouveaux. Là, c'était carrément bien. Cela nous a permis de faire connaissance de part et d'autre d'un grillage sans avoir à jouer des coudes et du bec.

Quand nous avons été réunies, cela s'est bien passé. Quasiment pas de coup de bec ! Évidemment, Splashie et moi, nous connaissions les usages. Même si nous étions en fait les plus âgées,  nous étions les nouvelles. Nous avons fait profil bas, ne mangeant qu'après les autres.

Pour le coucher, pas de problème : la maîtresse avait enfin compris que nous avions l'habitude de dormir couchées dans un endroit bas. Le patron nous a fait un grand dortoir, rien que pour nous, en-dessous de celui du coq et des autres poules. Et si Splashie n'a que peu d'intérêt comme copine, elle est très efficace comme bouillotte. 

Pendant quelques mois, nous avons observé, un peu à l'écart. La situation convenait bien à Splashie qui est de caractère très indépendant, mais, moi, j'avais besoin de plus de compagnie et Théo, le grand coq de la basse-cour, un bel Orpington noir et blanc m'attirait irrésistiblement. Il m'avait bien déjà fait l'honneur de me cocher, mais il était entouré de toute sa cour et ne faisait guère attention à moi.

Mais j'attendais mon heure et elle est venue !

Comment je suis devenue la favorite du coq Théo

En début d'année 2014, je m'étais rapprochée du groupe et étais à peu près acceptée. Faut dire que, globalement, les filles étaient sympas, notamment deux poules sans queue, de race Araucana, toujours pleine d'entrain et causantes. Par contre, attention, jamais vu de pareilles morphales ! Heureusement que les plats sont servis à profusion.

La poule Padoue, avec sa huppe ébouriffée et ses grands airs, ne m'impressionnait guère. Plutôt ridicule dans ses prétentions à jouer la maîtresse de maison et à chasser les tourterelles et les pies.

En revanche, je devais sans cesse m'effacer devant Zoé,  une poule Orpington noire, pas plus grande que moi, mais avec un fichu caractère !

Mais, voilà, Zoé a voulu couver. Là, c'était tout bon. Je me suis placée auprès de Théo, le laissant me cocher tant qu'il voulait et sans l'obliger à me pourchasser, alors que le pauvre a mal à une patte. Les autres filles m'ont laissé faire. Elles avaient leur part de calins, mais vivaient leur vie par ailleurs. 

Les Araucanas sont toujours actives et se perchent souvent. Théo est tout calme et ne peut pas suivre. C'était ma chance. Il m'a petit à petit acceptée en permanence à ses côtés et, je crois, sans me vanter, qu'il a fini par bien apprécier ma compagnie. Je suis gentille et attentive, toujours soumise à se côtés alors qu'il faut bien dire que Zoé n'était pas toujours facile avec lui !

Théo,  lui, est resté neutre. Il aime bien Zoé puisque c'est son amie d'enfance mais avec son caractère de goret elle ne lui rend pas la vie facile.

Zoé a eu des poussins mais, comme il faisait encore froid, la maîtresse l'a installée dans sa maison avec eux. Elle n'est rentrée de congé maternité que deux mois plus tard, et là, je l'attendais de patte ferme, bien décidée à conserver ma place de favorite !

Quand elle s' est ramenée,  faisant la fière comme d'habitude, je n'ai fait ni une ni deux, je lui ai foncé dans les plumes ! Faut dire aussi que j'étais en pleine forme et que j'avais bien grossi. Elle a essayé de résister un peu, mais je l'ai attaquée, pattes et griffes en avant. Elle s'est rapidement inclinée et j'ai conservé ma place. Théo a laissé faire. Possible que la situation l'arrangeait. Allez savoir avec les coqs !

Bien qu'il soit gentil et attentionnée avec toutes les poules, je sais bien que c'est moi qu'il aime. Il m'a écrit un poème que vous pouvez lire ci-dessous :

Chouette poulette, ma Liserette !

A mon tour, j'ai voulu couver

Bien que fort satisfaite de ma condition, le printemps avançant, il m'a manqué quelque chose. Zoé avait eu encore deux poussins et Edith, une des Araucanas, élevait six poussins.

A mon tour, j'ai voulu couver. Cela n'a pas été très concluant. Bon, c'est vrai que j'ai écrasé des oeufs, je suis devenue un peu lourde. Mais Splashie a aussi passé son temps à me déranger. Au lieu de se mettre à couver elle aussi comme une grande, elle n'avait de cesse de venir dans mon nid. Dès que je sortais pour me dégourdir les pattes, elle se précipitait pour s' installer à ma place.

Je suis un peu boulotte, mais elle, c'est l'"Obélix "des poules ! Elle m'a écrasé les oeufs restants.

Bon, j'ai fini par renoncer, mais je regrette. J'espère pouvoir réessayer au printemps prochain.

Pour l'instant, je suis heureuse avec le plus gentil des coqs. Mon seul souci est de ne pas trop engraisser.  Mais, nous en sommes toutes là, avec l'âge, n'est-ce pas ? Et ce n'est pas facile avec les bons petits plats qui nous sont servis tous les jours !

Yes, à l'été 2015, j'ai enfin été maman !

En mai 2015, je me suis mise à couver avec suffisamment de détermination pour que la maîtresse me laisse des oeufs. C'étaient des oeufs bleus, mais peu importe, j'étais bien contente. Je me suis appliquée à bien tenir le nid alors que le temps devenait vraiment chaud et j'ai eu bien du mérite car j'ai été lâchement attaquée par une autre poule jalouse qui m'a mangé la moitié de la crête ! 

Une couveuse agressée par une autre poule

Mais j'ai quand même eu un poussin, un poussin unique, mais ce n'est pas grave. C'est un petit gars et je l'adore !

12072015 tac poussin araucana et sa mere poule 1

 

Liserette est maintenant une poule Odal heureuse avec son poussin Araucana. Comme beaucoup de poules Orpington,  elle se révèle une très bonne mère-poule, très attentive aux besoins de son poussin.

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

Commentaires

  • Andy
    • 1. Andy Le 27/02/2015
    J'adore!!!
  • Mathieu333
    Je découvre ce récit autobiographique. Très sympa ! Elle me plaît beaucoup, ta petite poule boulotte ! Elle raconte bien sa vie. Sans doute parce que tu l'as un peu aidée, Graciane !
  • Graciane
    Merci de vos gentils commentaires. Cela me fait bien plaisir. Pour Didine, je vais écrire les mémoires de Théo.
  • Adrien91
    Moi aussi, j'aime beaucoup et attends une suite. Bravo, j'adore tes petites histoires !
  • Didine
    • 5. Didine Le 28/11/2014
    Moi, comme tu le sais, mon préféré, c'est Théo. Tu pourrais l'aider à écrire ses mémoires. Après tout, il est presque le plus ancien du poulailler et c'est quand même lui le plus gentil !
  • Peter
    Oui, pas mal du tout ! Ça se lit bien et donne envie de découvrir d'autres vies de poule et, pourquoi pas, de coq.
  • Chris
    Bravo ! J'aime beaucoup ! C'est une manière agréable et vivante de présenter une poule et de la faire aimer.
  • Gwendoline
    Excellent, génial ce roman...
    je l'ai bien tellement bien imaginée cette 'tite poule...super !
    tu n'oublies pas de nous raconter la suite Liserette
  • Lydia
    • 9. Lydia Le 27/11/2014
    Très sympa, cela se lit comme un petit roman ! Je ne regarferai plus jamais cette poule de la même façon ?

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